La langue, une simple affaire de communication ?

, par Webmestre

Le forom des Langues du Monde* s'est tenu ce 1er juin 08 place du Capitole, à Toulouse

La langue, une simple affaire de communication ?

Le forom des Langues du Monde, conçu par les organisateurs (1) comme un moment fort, de débat, de rencontre et de partage entre les différentes cultures linguistiques, dans le département et la région Midi-Pyrénées, a rassemblé quatre vingt dix associations ce 1er juin 08, sur la place du Capitole, à Toulouse.

Manifestation annuelle prenant de l’envergure et dont l’enjeu porte sur la pluralité des langues et des cultures, y compris celles autochtones du territoire français (voir à ce propos, la proposition de nationalisation des langues/cultures de France, par le Carrefour Culturel d’Arnaud Bernard).

 

Une préoccupation que l’on retrouve également au niveau de la Commission (voir Focus-Le Monde, 9/06/08), puisqu’elle constate que le français et l'allemand, deux des trois langues de travail de l'UE, qui compte vingt-trois idiomes officiels, continuent de perdre du terrain à Bruxelles, au profit de l'anglais.

Il y aurait là, certainement, de quoi rendre envieux tous ceux qui rêvent d’une langue unique, et donc mondialisée…

 

Du coup, se rappelle à nous la déclaration de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, lors de la célébration, ces jours ci, du 400ème anniversaire de présence francophone en Amérique du Nord. "Ce n'est pas seulement le 400ème anniversaire de la fondation de Québec que nous célébrons ensemble aujourd'hui. Ce sont quatre siècles de courage, 

d'entêtement et d'audace qui font que l'Amérique française a existé, existe et existera ». Ceux qui parmi nous connaissent des québécois, savent très bien de quoi il retourne.

D’autres exemples, de lutte pour une langue, existent similaires de par le monde. Et c’est sans doute pour cela que cette lutte, de quatre siècles, résonne particulièrement pour nous aussi ; d’évoquer celle contre l’oubli de la langue grecque, sous l’occupation ottomane.

 

Cela pourrait nous amener à réfléchir à tout ce dont une langue se fait l’agent. A ce qu’elle transmet, à tout ce qu’elle recèle ; et plus précisément à la fonction qu’elle peut avoir, et ce, quel que soit le nombre de personnes qu’elle concerne ; dans ce sens, la qualification de « minoritaire » ou « minorisée », concernant une langue, n’a d’autre valeur que la commodité d’un classement, pour les ethnolinguistes.

 

Sans pour autant verser dans les «ismes»… (nationalisme, régionalisme etc.), l’histoire des peuples ne cesse de nous démontrer que d’appartenir au phénomène du Λογος (Langage), la langue, forgée comme un outil séculaire par l’humain, excède largement la « communication ».

 

Cela suffirait déjà pour que l’argument, celui pour la suprématie d’une langue universelle entre toutes, tombe sous le sens.

 

 

Reste, tout de même, à se poser la question quant à la Mondialisation -y compris de la culture. Ne serait-elle devenue, de nos jours, que l’interprétation tronquée, qu’une version marchande justement, de cet Internationalisme* du XIXème ; qui -moyennant l’abandon de toute singularité culturelle-, cherchait à bannir les préjugés et les postures nationalistes à un niveau autant culturel que socio-géo-politique.

 

Sauf que là, c’était au profit de la solidarité entre les peuples…

 

 

 

Pieretta Sakellariou

 Toulouse, le 5.07.08

 

 

 

(1)Le Forom des Langues du Monde est organisé par le Carrefour Culturel Arnaud-Bernard avec la collaboration de l’IEO 31, l’Esperanto-Kultur-Centro, Calandreta, Mediterranèa, Escambiar.

Avec le soutien de la Mairie de Toulouse, le Conseil Général de la Haute-Garonne, la Région Midi-Pyrénées, la DGLFLF, le Ministère de la Culture et de la Communication, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, l’Acsé.

(2)Terme d’origine française datant de 1893

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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