" TO OXI " 28 octobre 1940

, par Webmestre

L’HISTOIRE DE LA FETE NATIONALE 

Le 28 octobre est une date ancrée dans la mémoire de tous les grecs. Elle résonne dans la tête de chacun comme le refus du fascisme. La résistance inattendue de la Grèce contre l’Axe marque le début d’une lutte où les grecs ont fait preuve de grand courage pour se battre et défendre héroïquement leur territoire de l’attaque arrogante de Mussolini. Nous allons donc tenter de s’intéresser à cette période pour comprendre l’importance de cette date ainsi que des événements qui ont suivis. 
 
Depuis le 4 Août 1936 la Grèce vit sous la dictature de Métaxas. Le régime fasciste réprime toute tentation démocratique. Il y a d’un coté le dictateur Métaxas proche idéologiquement, du fascisme et du nazisme et de l’autre le roi Georges B qui s’emploi à défendre les intérêts de ses protecteurs britanniques. La volonté de rester neutre par rapport au conflit qui s’annonce devient de plus en plus difficile. L’Italie de Mussolini, au zénith de son arrogance, montre clairement ses intentions. La politique de la provocation, choisit par les fascistes italiens, atteindra son paroxysme le 15 août 1940, au moment des festivités religieuses, lorsqu’un sous-marin italien coule le contre-torpilleur grec « ELLI » présent dans le port pour la fête de la vierge de Tinos. Le 28 octobre 1940, par un ultimatum humiliant, Mussolini demande à la Grèce de laisser libre circulation à l’armée italienne dans le territoire grec. Le rejet immédiat de l’ultimatum a donné un prétexte à Mussolini d’attaquer militairement la Grèce. 
 

 L’armée italienne, supérieure en matériel, technologie mais surtout plus nombreuse, se voie alors dans quelques jours boire le café matinal au pied de l’acropole. Cependant, l’armée grecque défend avec courage et efficacité ; la mobilisation du peuple grec est sans précédant et l’offensive italienne échoue. Dans les montagnes enneigées de Pindus l’armée grecque passe alors à la contre-offensive. Après de violents combats la Grèce occupe la majeure partie du sud de l’Albanie, pays sous autorité italienne depuis le début de l’année 1939. 
 
La victoire surprise grecque contre les italiens est la première victoire des allies et est saluée par tous, avec des commentaires enthousiastes. Il est important de souligner l’admiration exprimée par les Allemands pour l’exploit de l’armée grecque. L’importance de la victoire est immense parce que d’une part, elle écroule le mythe de l’invisibilité de l’axe, et d’autre part, la défaite des Italiens encourage les peuples européens à se battre, effondre l’image de Mussolini et surtout retarde l’attaque contre l’union soviétique. En effet, des divisions prévues pour le front soviétique ont été utilisées pour envahir la Grèce.
 
Le 6 avril 1941, la Grèce va subir la double attaque des Allemands et Bulgares au nord du pays. La grande majorité des troupes helléniques sont mobilisées au front de l’Albanie. Les unités de l’armée grecque, qui se trouvent au front défendent héroïquement leur patrie. La supériorité de la machine militaire allemande avance vers Athènes. Le général Tsolakoglou, désobéissant aux ordres du gouvernement grec, capitule le 24 avril 1941. Le 27 avril l’armée Allemande rentre et défile dans une Athènes terrorisée. Le drapeau nazi flottera sur la roche sacré de l’Acropole. 
   En Crète, des régiments grecs et britanniques, aidés activement par la population, livrent une féroce résistance (Bataille de Crète) en mai 1941. Des forces aéroportées de Nazis, utilisées pour la première fois dans l’histoire militaire, remportent la bataille. Pour autant, la victoire est amère, une victoire à la Pyrrhus ; en effet les nazis ont perdu du temps et des forces. Les opérations contre l’Union soviétique vont dés lors être repoussées de quelques mois fatidiques. Le gouvernement grec et quelques unités subsistantes des armées de terre, de mer et de l’air suivent les britanniques en retraite en Égypte et continuent à se battre jusqu’à la victoire 
finale des Alliés. Les recrutés sont des grecs de la diaspora ainsi que des jeunes hommes qui avaient rompu avec la Grèce.
 
La triple occupation, des Allemands, Italiens et Bulgares, divisent la Grèce en trois zones : la Thrace et la Macédoine orientale, sous occupation bulgare et le reste de la Grèce sous autorité italienne. Les Allemands, eux, occupent Athènes, Thessalonique, la Macédoine, la quasi totalité de la Crète et la frontière turque. Les Bulgares et les Italiens, dans leur tentative de démembrer la Grèce, appuient les mouvements séparatistes des petits groupes éthniques vivant près des frontières. Ainsi, les Italiens utilisent les petites minorités d’Albanais musulmans, les Tchams, vivant à la frontière de l’Épire, et essayent, en vain, de former une légion valaque dans la chaîne de montagnes Pindus. La menace bulgare est bien plus sérieuse, car elle a recours à une brutalité physique excessive et à des mouvements forcés de population. De nombreux Grecs sont chassés de Macédoine orientale, sous occupation bulgare, pour être remplacés par des immigrants bulgares. Les citoyens grecs de langue slave doivent dés lors, de gré ou de force, se déclarer Bulgares.
 
La première année d’occupation fut extrêmement difficile. L’administration nazie confisque toutes les ressources, provoquant sciemment la disette. Au cour de l’hiver 1942, les populations urbaines connaissent une terrible famine et l’on estime à 250 000 le nombre de personnes mortes de faim dans les rues d’Athènes. Une année entière s’écoule avant qu’un accord ne soit trouvé, sous l’égide de la Croix Rouge, grâce auquel l’importation des produits alimentaires de base peut enfin reprendre. Malgré l’épouvantable situation économique du pays, le gouvernement collaborateur a l’obligation de prêter des sommes astronomiques à l’Allemagne, sans qu’elles ne lui soient jamais remboursées. 
 

Peu de temps après l’occupation la résistance grecque s’organise. L’EAM (Front national de libération), fondé le 27 septembre 1941 par les forces de gauche, a été le groupe le plus actif et le plus important. En 1942, après la formation de sa branche armée ELAS( armé nationale populaire pour la libération)ce groupe commence à déranger les troupes d’occupation. Les « antartes » (makis) et leurs « Kapetanios »(chefs) deviennent de véritables mythes de la Grèce occupée. Rapidement ils libèrent une grande partie de la Grèce, mais ils organisent également les services publics et l’administration dans la zone libre. Parallèlement à l’activisme de « ELAS » d’autres foyers de résistance apparaissent. On note parmi ceux les plus connus l’Edes et l’Ekka. En mars 1943 les rassemblements et les manifestations sont suffisamment puissants pour empêcher la concrétisation du projet allemand d’enrôler de force tous les travailleurs grecs et de les envoyer travailler dans les usines allemandes. En dépit de la brutalité des

 représailles allemandes pour tout acte de résistance, les actions de sabotage et les attaques armées se multiplient. La population masculine de la petite ville de Kalavryta ainsi que de 
nombreux villages comme Koméno, Kleisoura et Distomon sont décimés de façon barbare par ce type d’opérations aveugles. Mais cela n’empêchera toujours pas les groupes armés de la résistance de contrôler, à partir de 1944, une grande partie des montagnes du pays. 
 

L’horreur atteint son paroxysme avec l’extermination de presque tous les Juifs de Grèce. Il existait alors à Thessalonique, depuis le début du XVIème siècle, une importante communauté juive séfarade représentant l’épicentre de la culture juive en Méditerranée. Toute cette population fut expatriée et exterminée par les nazis. Il en fut de même pour les anciennes communautés de Corfou ou de Jannina, pour n’en citer que quelques unes. Plus de 58 800 Juifs grecs furent exterminés, soit 82% de la population juive. 
 
La Grèce a donc subit de très lourdes pertes humaines et matérielles. Sur le plan humain, on estime à 687 000 le nombre total de morts. L’infrastructure, quant à elle, a été détruite par les combats, les bombardements, le sabotage et le pilage. Mais le pire est à venir. On sait que les groupes de résistance armée étaient déjà impliqués dans le conflit de politique interne. Pour cette raison, en 1944, les gouvernements royaux britanniques et grecs envisagent une confrontation armée avec le front national de libération (EAM), dont l’influence s’étend à ce moment à toutes les zones rurales et à la majorité des villes principales, bénéficiant alors du soutien de la plupart des Grecs. 
 
En octobre 1944, Athènes est enfin libérée. C’est avec enthousiasme que la nation réjouie accueille les armées grecques et britanniques. Malheureusement les britanniques ne respecteront pas la volonté du peuple Grec pour une indépendance nationale. En effet, en décembre 1944 les troupes du Général Skoby, chef de l’armée britannique en Grèce, tente de maîtriser une manifestation de EAM en utilisant la force. On déplore des morts ainsi que de nombreux blessés parmi les manifestants. Le centre d’Athènes se transforme en champs de bataille. L’EAM, majoritaire dans le pays, tente de prendre le contrôle de la capitale. Le gouvernement de G. Papandhréou, soutenu par ses protecteurs Britanniques, de l’autre coté ne cède pas. Le conflit est alors inévitable. C’est le début d’une période de tentions et d’anomalie jusque à la déclaration de la guerre civile en 1946. 
 
                                       Christos ZIAS