Messolonghi

samedi 10 avril 2021
par  Webmestre
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La forteresse de la ville après le premier siège avait été améliorée, à la suite des efforts d’Alexandros Mavrokordatos, de Lord Byron et de l’ingénieur Michael Kokkinis. Les fossés creusés au tour de la forteresse ont amélioré la sécurité défensive, l’ensemble a été renforcé par des tours et des remparts polygonaux, sur lesquels sont placés 48 canons moyens et 4 grands canons. L’îlot de Vasiladi, entre la lagune et la mer, est devenu une sorte de forteresse avancée. Six canons y ont été placés et 2000 femmes et enfants ont été rassemblés pour ne pas alourdir la garde de la ville. À l’intérieur de Messolonghi, il y avait 10 000 personnes, dont 4 000 hommes, d’excellents guerriers d’Epire et d’Etoloakarnanie et 1 000 autres, capables de porter des armes.

Pendant la première phase du siège (15 avril - 12 décembre 1825) Messolonghi n’a été assiégée que par les forces de Kioutachis. Leurs attaques ont été facilement ou difficilement repoussées par les défenseurs de la ville. De plus, le blocus naval n’était pas solide et a été brisé à plusieurs reprises par la flotte de Miaoulis, qui renforçait les assiégés avec des munitions et de la nourriture. Le 24 juillet, 1000 guerriers de Roumeli sous Georgios Karaiskakis ont forcé Kioutachis à retirer ses forces au pied du mont Zygos, relâchant le siège de Messolonghi. Également la flotte turque, harcelée par les Grecs, a été forcée de chercher refuge dans l’île de Céphalonie occupée par les Britanniques.

Le 5 août, Kitsos Tzavellas, chef d’une force de guerriers de Souli (Ville de la région d’Epire), entre dans la ville, renforçant le moral des assiégés. Mais début novembre, une flotte conjointe turco-égyptienne a débarqué 8 000 soldats égyptiens, et un mois plus tard, Ibrahim, qui avait presque réprimé la Révolution dans le Péloponnèse, est arrivé dans la région. Les Turcs, les Turkalvans et les Egyptiens comptaient 25 000 hommes, avec une artillerie moderne, commandée par des officiers français. Les Grecs en face de cette puissante armée turque se présentaient avec environs 4 000 combattants.

 

Le 25 décembre 1825, commença la deuxième phase du siège de Messolonghi. Comme lors du premier siège, il y eut à nouveau une divergence entre les deux pachas l’egyptiens Ibrahim et Kioutachis. Ibrahim tenta avec ses propres forces d’occuper Messolonghi le 16 janvier 1826 mais il échoua. Cet échec l’obligea de coopérer avec Kioutachis. Les deux armées ont endurci le siège en bombardant sans pitié la ville de Messolonghi. L’occupation des îles stratégiquement importantes de Vasiladi (25 février) et Kleisova (25 mars) par les agresseurs rend la situations des assiégés intenable. Après l’échec de Miaoulis à briser le blocus naval, la position des assiégés est devenue misérable.

La situation dans la ville avait atteint un point impossible. Sans nourriture les assiégés (femmes, enfants, blessés, vieillards et combattants) étaient nourris d’algues, de peaux, de souris et de chats ! Dans ces circonstances, impossible de continuer de défendre la ville, le conseil des chefs et nobles a décidé le 6 avril de tenter l’exode (έξοδος) pour briser le siège et prendre la route vers d’autres positions. La date choisit était la nuit de St Lazare du samedi au dimanche des Rameaux (9 au 10 avril 1926). Selon le plan, à minuit ils se sont divisés en trois groupes, sous les ordres de Dimitrios Makris, Notis Botsaris et Kitsos Tzavelas, avec l’espoir de percer les lignes ennemies. Ils pensaient surprendre les assiégeants et réussir leur objectif sans grandes pertes.

 

Malgré l’héroïsme des assiégés, les forces d’Ibrahim attendaient les combattants grecs et les massacrèrent, le plan de sortie a été soit trahi ou soit mal mis en œuvre. Au même moment, à Messolonghi, les massacres avaient commencé par les turco-égyptiens, qui avaient envahi la ville d’un autre coté.

Des scènes dramatiques ont eu lieu dans de nombreux endroits : Christos Kapsalis, quand il a été entouré par l’armée turque dans sa maison, où les blessés, les vieillards et les enfants s’étaient rassemblés, a mis le feu à la poudrière, tandis que le Métropolite Iosif replié sur un moulin à vent, l’a fait sauter voyant que les ennemis l’entouraient. Le matin du 10 avril, jour de dimanche de Vaîon (Dimanche des rameaux), le drapeau ottoman se hissait sur les ruines de Messolonghi.

Les informations sur la perte des Grecs pendant le siège et la sortie sont contradictoires. Il est plus que probable que sur les 3 000 qui ont pris part à la sortie, 1 700 sont tombés au combat héroïquement. Parmi les morts figurent Ioannis Papadiamantopoulos, Michael Kokkinis, Athanasios Razikotsikas, Nikolaos Stornaris, l’éditeur allemand du journal "Chroniques Helléniques" Iakovos Meyer et d’autres philhellènes allemands. Environ 6 000 femmes et enfants ont été conduits pour être vendus à Methoni et sur les marchés aux esclaves de Constantinople et d’Alexandrie. Les pertes des envahisseurs turco-égyptiens s’élevaient à 5 000 hommes.

 

Après la chute de Messolonghi tous les foyers du soulèvement des grecs contre les occupant turcs ont été presque anéantis. Mais la flamme de la révolution ne s’est pas éteinte, au contraire par leur sacrifice les combattants de Messolonghi ont transformé cette bataille perdue en une grande victoire de leur cause. Messolonghi a ému l’humanité entière. Une nouvelle vague de philhellénisme nait sur les ruines de Messolonghi. Cet acte héroïque influençâ indirectement la diplomatie européenne pour la cause des Grecs.

De nombreuses œuvres, peintures, littérature et autres, ont immortalisé le sacrifice du Messolonghi. Eugène Delacroix ému par ce sacrifice des combattants illustre ce massacre sur le tableau « La Grèce sur les ruines de Messolonghi ». Profondément ému par cet acte héroïque notre poète national Dionysios Solomos a écrit son œuvre " Ελεύθεροι Πολιορκημένοι "(libres assiégés) malheureusement inachevée.

 

Cette poésie a été mise en musique par Yannis Markopoulos, notre grand compositeur, dont vous pouvez apprécier son œuvre ci-dessous.

https://www.youtube.com/watch?v=hX4-CNAJT2k

 

https://www.ogdoo.gr/diskografia/diskoi-pou-den-ksexasa/giannis-markopoulos-oi-eleytheroi-poliorkimenoi-tou-dionysiou-solomoy

Messolonghi a été libérée le 11 mai 1829. En 1937, elle a été reconnue comme « ville sacrée » et le dimanche des Rameaux a été désigné comme date de souvenir de cet évènement. Les Grecs se souviennent du sacrifice de ces héros, chaque année le Dimanche des Rameaux, le regard des Hellènes du monde entier se dirige vers Messolonghi