Karytaina en Arcadie

lundi 17 mai 2021
par  Webmestre
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Des armes françaises ont servi pour la Liberté

La principauté d’Achaïe-et-de-Morée aux XIIIe, XIVe et XVe siècles rassemblait toutes les terres au sud des Thermopyles jusqu’au Cap Malée et plusieurs îles de la mer Egée et de la mer Ionienne. Elle était administrée par des seigneurs français, champenois pour la plupart, installés pendant deux siècles et demi après les événements de la 4e croisade détournée par les Vénitiens pour s’emparer et piller « crapuleusement » Constantinople en avril 1204.
Les chevaux de Saint-Marc qui ornent le toit de la basilique Saint-Marc à Venise sont notamment une des innombrables d’œuvres d’art volées à Constantinople en 1204.

Parmi les petites principautés françaises en Achaïe-et-Morée, la baronnie de Karytaina (Καρύταινα) située au centre des montagnes de l’Arcadie, sur l’Alphée, fleuve à la gloire immortelle, fleuve d’Olympie, regroupait 22 fiefs secondaires. Elle fut donnée à la maison de Brière, (ou Bruyères), originaire de Champagne. Le château des Brière à Karytaina est encore, aujourd’hui, relativement bien conservé.

Près de l’antique Gortys (dont la déformation a donné « Skorta », désignation de ce pays au Moyen-Âge), le château des Brière à Karytaina qui fut racheté en 1320 par l’empereur Andronic II Paléologue servit deux fois de refuge, d’abord au Moyen-âge puis pendant la Guerre d’Indépendance (Επανάσταση 1821).

Θεόδωρος Κολοκοτρώνης (Théodoros Kolokotronis), le "Géant d e Morée"  dont le drapeau était orné de l’inscription fameuse :

Είσ΄ Έλληνας ; Τι προσκυνάς ;
Σηκώσου απάνω !
Εμείς και στούς θεούς ορθοί μιλούμε !

Grec qu’adores-tu ?
Dresse-toi tête haute !
Nous, nous parlons aux Dieux debout !

, originaire de la région de Karytaina, fortifia pendant la Guerre d’Indépendance le château fort encore imposant, bâti par Hugues de Brière en 1254, qui domine la ville actuelle et la vallée de l’Alphée. Au sud de l’édifice, un bastion flanqué d’une chapelle consacrée à Saint André porte, d’ailleurs, le nom de « Maison de Kolokotronis ».

Il put, du haut des créneaux, braver les efforts d’lbrahim Pacha.

Θεόδωρος Κολοκοτρώνης (Dessin de Karl Krazeisen 1794-1878, combattant bavarois volontaire avec les insurgés grecs de la Guerre d’Indépendance)

En faisant des travaux de remise en état à l’intérieur de la forteresse, Kolokotronis trouva quelques tombeaux intacts des anciens seigneurs français. Dans ces tombeaux, se trouvaient des cottes de mailles, des casques et des cuirasses en assez bon état. Il les distribua à ses hommes qui s’en servirent dans les combats.

Ainsi, modestement, après une nuit de plus de 4 siècles dans la terre de Karytaina, au bord du fleuve aimé de Δημήτριος Βικέλας (Dimitrios Vikélas) et Pierre de Coubertin, les premiers présidents du Comité Olympique International, quelques armes françaises, qui avaient jadis protégé les français contre les assauts ottomans, protégèrent les patriotes grecs en lutte pour la Liberté contre les mêmes assaillants.

Edouard Thilliez